Après les attentats de Madrid (2004) comme après ceux de Londres (2005), la Justice a écarté la thèse Al-Qaida et soutenu que les crimes avaient été perpétrés par des terroristes islamistes autonomes. Une moitié de la presse espagnole a contesté ce verdict et exploré diverses pistes intérieures. Mathieu Miquel, qui avait retracé les événements, l’enquête judiciaire et le procès dans un précédent article, étudie ici l’hypothèse d’une opération des réseaux stay-behind de l’OTAN.
Cet article est la suite de « 11 mars 2004 à Madrid : était-ce vraiment un attentat islamiste ? »
Tout porte à croire que la version officielle de l’attentat du 11 mars 2004 à Madrid, selon laquelle il s’agirait d’un attentat islamiste sans lien avec Al-Qaïda, est une mystification [1]. Se pose alors la question des véritables coupables. Une enquête sérieuse devrait adopter une démarche systématique : dresser la liste exhaustive des pistes, puis suivre chacune d’elles en cherchant indices et mobiles. L’objet de cet article est d’examiner l’une de ces hypothèses : celle d’une opération montée sous faux drapeau par des services secrets atlantistes. Avant cela, présentons brièvement l’ensemble des pistes qui devraient être explorées si l’enquête était rouverte.
Le grand public connaît généralement deux hypothèses sur les auteurs de l’attentat : Al Qaeda, incriminé par le discours dominant, et ETA, que José Maria Aznar aurait accusé pour justifier de sa politique basque. Les journalistes espagnols ont exploré au moins quatre autres pistes, portant sur des services secrets qui auraient monté l’opération sous faux drapeaux. Les six hypothèses sont donc les suivantes :
– 1. Des islamistes : C’est la thèse retenue par tous les médias dominants, à l’exception de quelques uns en Espagne comme El Mundo. En français, le principal livre disponible au sujet de l’attentat La Manipulation : Madrid, 11 mars reprend ce point de vue [2]. Notons que son auteur, Jean Chalvidant, est membre du comité éditorial de la revue néo-conservatrice Le Meilleur des mondes [3], explicitement créée en lien avec la Foundation for the Defense of Democracies [4]pour servir de porte-voix aux néo-conservateurs en France et contrer l’influence du Réseau Voltaire et de ses amis [5]. Malgré toutes les incohérences qu’on a exposées dans l’article précédent, cette thèse a été entérinée par la Justice. Il faut souligner qu’il existe un décalage sur deux points importants entre les conclusions de la Justice et l’idée généralement admise dans l’opinion publique. Premièrement le commando n’a pas de lien avec Al Qaeda [6]. Et deuxièmement l’attentat n’a pas été commis en représailles à la participation de l’Espagne à l’invasion de l’Irak, puisque les préparatifs lui sont antérieurs.
– 2. ETA : Après 30 ans de terrorisme et plusieurs centaines de victimes, l’organisation indépendantiste basque était donnée moribonde suite à des années de coups de filets policiers. Elle est cependant apparue comme le coupable habituel et était condamnée en « une » des quotidiens et des journaux télévisés, avant que les éléments pointant vers un attentat islamiste ne prennent le pas sur cette piste. L’arrivée au pouvoir de José Luis Zapatero, plus favorable à l’autonomie des provinces espagnoles, aurait pu être l’objectif de l’attentat.
– 3. Les services secrets marocains : La majorité des inculpés ont la nationalité marocaine. Or les relations hispano-marocaines ont connu plusieurs épisodes d’extrême tension, le dernier en date étant la dispute de la souveraineté de l’îlot Persil en 2002, qui a impliqué les troupes des deux côtés. La chute d’Aznar au profit de Zapatero, jugé plus conciliant et opportunément brouillé avec les États-Unis, aurait bénéficié au Maroc.
– 4. Un secteur des services secrets espagnols proche des socialistes : La première conséquence spectaculaire de l’attentat a été l’accession au pouvoir de Zapatero, alors que les sondages le donnaient largement battu. La suspicion qui a entouré la manière dont était menée l’enquête pousse certains journalistes à penser que le plus haut personnage de l’État est derrière ce crime (bien qu’il n’ait pris ses fonctions que 5 semaines après l’attentat). C’est vers cette thèse hautement subversive que penche à demi-mot Luis del Pino, qui est l’une des références de l’investigation journalistique sur cet attentat, avec le journaliste d’El Mundo Fernando Mugica [7].
– 5. Des services secrets opposés à la « coalition des volontaires » intervenue en Irak : La seconde conséquence spectaculaire des attentats est le retrait des troupes espagnoles d’Irak, promesse de Zapatero lors d’une élection qu’il ne s’attendait vraisemblablement pas à gagner. Or ce retrait apparaît comme un revers pour la « coalition des volontaires », même si on verra qu’il est plus symbolique qu’effectif. Certains investigateurs suspectent donc les puissances opposées à cette coalition sous hégémonie états-unienne, comme la « vieille Europe » franco-allemande, la Russie ou la Chine [8].
– 6. Des services secrets partisans de la « guerre au terrorisme » : Ils auraient bénéficié du soutien d’un secteur de l’appareil d’État espagnol, au moins au moment d’orienter l’enquête dans une autre direction. C’est sur cette thèse, également défendue par le journaliste Bruno Cardeñosa [9], que nous allons nous centrer dans la suite de cet article, en commençant par exposer les indices qui relient l’attentat aux États-Unis, dont le gouvernement était le principal promoteur de la doctrine de « guerre au terrorisme ».
Les faits : l’implication d’un service secret militaire
Le sac de Vallecas et les empreintes dans la Kangoo : des pièces à conviction, falsifiées par des éléments de l’appareil d’État, qui suggèrent un lien outre-Atlantique
Un premier lien entre l’attentat et les États-Unis apparaît fin mars 2004 avec une mystérieuse photo de la bombe du sac de Vallecas. C’est le seul cliché connu à ce jour de la pièce centrale de l’enquête, objet de tant de controverse. Dans la nuit du 11 au 12 mars 2004 un agent de la police scientifique s’était rendu sur les lieux où les démineurs désactivaient la bombe de Vallecas, afin d’en réaliser un reportage photographique conformément à la procédure. La bombe n’étant pas encore neutralisée, il resta à distance, confia son appareil à un démineur et aperçut plusieurs flashs. Une fois l’engin désactivé il tenta de s’en approcher avec son appareil mais à son grand étonnement les démineurs lui en barrèrent l’accès. Puis un haut fonctionnaire de la police lui demanda de leur remettre la pellicule, dont on n’a depuis plus aucune trace [10].
En ce mois de mars 2004 aucune photo de la bombe de Vallecas n’était donc parue. Ce flou était renforcé par les explications contradictoires avancées par les médias sur la non explosion de la bombe. On a dit que les terroristes avaient oublié d’activer la carte SIM, puis qu’ils s’étaient trompés en programmant l’explosion à 7 heures 30 du soir et non du matin, ou encore que la puissance électrique fournie par le téléphone était insuffisante pour la déclencher, versions toutes démenties par la suite. L’explication la plus rocambolesque était celle qui était alors avancée pour l’arrestation de Jamal Zougam, le seul poseur de bombe supposé qui ait été incarcéré. La coque du téléphone aurait été ébréchée et la petite pièce de plastique manquante aurait été retrouvée chez lui. Concernant la composition de la bombe, la majorité des médias parlait alors d’un modèle Triumph de Motorola et non d’un Trium de Mitsubishi [11], que retiendra finalement la version officielle.
Le 30 mars la chaîne de télévision états-unienne ABC News diffusa la seule photo de la bombe connue à ce jour, reprise par tous les médias espagnols sans remise en question. Elle venait combler le vide causé par la disparition de la pellicule de la police scientifique, et redonna de la crédibilité à cette preuve gagnée par le flou. Mais le cliché pose de nouvelles questions qui n’ont toujours pas trouvé de réponses. Qui a pris cette photo ? Dans quelles circonstances ? Et pourquoi est-elle apparue aux États-Unis, loin des médias espagnols qui suivaient l’affaire étroitement ? Intrigué, Luis del Pino interrogea les correspondants d’ABC en Espagne, à qui on attribuait le cliché, mais ils nièrent en être les auteurs et ignoraient comment la direction américaine de la chaîne se l’était procuré [12].
Le 6 mai 2004 les regards se tournent à nouveau vers les États-Unis quand Newsweek révèle qu’un avocat états-unien, Brandon Mayfield, a été arrêté dans l’État d’Oregon quelques jours plus tôt. Ses empreintes digitales ont été trouvées sur l’emballage des détonateurs découverts dans la Kangoo que les terroristes sont censés avoir utilisé. Tout au long du mois de mai, et face aux doutes affichés par le New York Times, l’hebdomadaire mentionnera des sources policières assurant de la fiabilité de la preuve. Ainsi le 17 mai, « Un haut responsable du contre-terrorisme US à dit à Newsweek que l’identification de l’empreinte est irréfutable » [13]. Le FBI avait identifié l’empreinte peu après l’attentat et avait alors mis Mayfield sous surveillance. C’est la crainte de fuites dans la presse qui aurait forcé à procéder à une arrestation discrète. Mais coup de théâtre le 20 mai, la police espagnole annonce qu’elle a de son côté identifié l’empreinte comme celle d’Ouhnane Daoud, un Algérien résidant en Espagne. Les autorités US prennent acte et le jour même Mayfield est relâché, avec, fait rare, les excuses publiques du FBI, puis une indemnisation. Quant à Daoud, il est toujours en fuite à ce jour, ce qui empêche d’évaluer la fiabilité de son identification.
Force est de remarquer l’opportunité de l’identification de Daoud, passé inaperçu pendant les 2 mois suivant l’attentat, mais qui est identifié dans les semaines suivant l’arrestation de Mayfield. Le profil de ce dernier éveille également la suspicion. Avocat discret et sans grande activité, converti à l’islam, il avait défendu dans une affaire de droit familial un États-unien accusé par la suite de terrorisme. Mais c’est son lien avec l’armée US qui attire le plus l’attention : Mayfield est officier de réserve après avoir passé 8 ans sous les drapeaux dont une année dans une unité de renseignement [14].
Les deux indices qu’on a évoqués portent sur les deux principales preuves matérielles du dossier : le sac de Vallecas et la Kangoo. Avant de poursuivre notre investigation, ouvrons une parenthèse pour apporter quelques éléments de réflexion à ce qui peut apparaître comme une contradiction. Nous avons vu à quel point les pièces de l’enquête sont bancales : sac de Vallecas, Kangoo, mais aussi témoignages, données téléphoniques, etc. L’observateur est forcément étonné du fait que des protagonistes —quel qu’ils soient— puissent faire preuve d’un tel amateurisme au moment de fabriquer de fausses pistes. Plusieurs investigateurs, dont Luis del Pino [15], ont proposé l’explication suivante à ce paradoxe : le sac de Vallecas et autres preuves auraient été fabriquées précipitamment car « on » avait prévu que l’enquête se base sur les deux bombes non explosées qui ont été trouvées dans les trains ce matin-là. « On » aurait délibérément monté ces deux bombes de manière défectueuse, et « on » leur aurait fait porter des indices soigneusement choisis. Ceux-ci devaient permettre à la police de bâtir une enquête d’apparence solide. Mais de manière inattendue les deux engins ont explosé au cours de la procédure de désactivation des démineurs, détruisant les indices qu’« on » y aurait mis. Pour parer à cet imprévu « on » aurait du improviser les pièces que nous connaissons, d’où leur imperfection. Le sac de Vallecas apparaît ainsi dans un commissariat à l’intérieur d’un lot d’effets personnels pourtant préalablement fouillés, et qui aurait dû se trouver à la morgue comme tout les autres lots. Dans le même temps des éléments accusant les islamistes apparaissent dans la Kangoo une fois qu’elle a été transportée au commissariat, alors que les fouilles sur place n’y avaient rien détecté.
Cette hypothèse des deux « bombes-leurres » est confirmée par les témoignages au procès des démineurs qui ont neutralisé l’une d’elles. Ils ont découvert l’engin sur le quai et non dans le train. Et même si un policier municipal a témoigné avoir trouvé ce sac dans un wagon et l’avoir transporté à cet endroit, il est improbable qu’elle ait été laissée sans surveillance et que les démineurs l’aient « redécouverte » là. Surtout, l’aspect intact du sac contenant la bombe les a fait douter qu’il puisse provenir du train, car tous les objets qui sortaient des wagons portaient des traces dues aux chocs, à la fumée, etc. [16] Ces éléments suggèrent que ce sac a été placé sur le quai peu après les explosions, et non qu’il se trouvait dans le train comme les autres bombes. L’apparente contradiction entre le caractère bancal des pièces de l’enquête et l’implication d’un service secret trouve, avec cette hypothèse, une explication possible.
L’activation et la nature des explosifs : amateurisme ou matériel militaire ?
Poursuivons notre analyse, ajoutons deux éléments qui confirment que l’attentat a été l’œuvre d’une organisation de type militaire et non d’une bande de délinquants. Premièrement les 10 bombes ont vraisemblablement été activées à distance par des systèmes de radiocommande, et n’ont pas été programmées à l’avance avec la fonction réveil de téléphones portables comme le soutient la version officielle. En effet 3 trains ont explosé alors qu’ils étaient à l’arrêt dans les stations d’Atocha, El Pozo et Santa Eugenia, le quatrième explosant en dehors d’Atocha où il attendait le départ du premier train. À moins d’y voir une extraordinaire coïncidence, on peut en conclure que les terroristes voulaient que les bombes sautent dans les gares. Or ce résultat est extrêmement difficile à obtenir en programmant à l’avance l’heure d’activation. D’abord parce que les téléphones portables supposément utilisés ne permettent pas un réglage fin de l’horloge et du réveil : on peut régler les minutes mais pas les secondes. Et ensuite parce que les trains de banlieue ne sont pas rigoureusement ponctuels. En l’occurrence certains trains étaient en retard ce jour-là, celui d’El Pozo avait par exemple « une paire de minutes de retard » selon la déposition de son conducteur [17]. Les explosions n’ont donc pas été programmées à l’avance mais déclenchées « en direct ». Les moyens de radio transmission que cela implique suggèrent une opération sophistiquée, hors de portée de la bande de petits délinquants désignée par la version officielle. Ceci étant, pourquoi voulait-on que les trains explosent dans les stations ? La raison pourrait être qu’ils soient plus facilement et discrètement accessibles, ce qui corroborerait l’hypothèse des deux « bombes-leurres » introduites après les explosions.
Deuxièmement tout porte à croire que les bombes étaient chargées d’explosifs militaires, « qui coupent », et non de dynamite minière, « qui mord », comme on l’a montré dans l’article précédent. Dans l’explication qu’il a donnée au juge d’instruction, le chef des démineurs de Madrid évoque même l’explosif militaire C4 [18]. On rappellera au passage que c’est ce type d’explosif que la police allemande avait intercepté sur des agents états-uniens qui tentaient de l’introduire discrètement au sommet du G8 de juin 2007 [19].
La matrice de l’opération est donc bien militaire, comme le confirma Salvador Ortega, pionnier de la police scientifique en Espagne, interviewé par Bruno Cardeñosa quelques jours après l’attentat. Interrogé sur les aspects non élucidées par l’enquête en cours, il répondit qu’il manquait « certains auteurs matériels et la tête pensante. Parce que derrière ces faits, des éléments très sophistiqués ont participé, qui étaient sans doute sous la direction de quelqu’un des services de renseignement et militaire. Parce qu’en plus ça a été une opération très coûteuse » [20].
CMX 2004 : simulation ou couverture de l’OTAN ?
Ayant démontré que des éléments non-identifiés de l’appareil d’État ont falsifié des pièces à conviction pour orienter l’enquête sur une fausse piste et couvrir une opération de type militaire, il est légitime d’envisager que les attentats de Madrid aient pu être commis par un service secret militaire.
D’après l’ancien officier de renseignement de l’US Army Eric H. May [21], « la façon la plus simple de faire un attentat sous faux drapeau est d’organiser un exercice militaire simulant exactement l’attentat que l’on veut commettre » [22]. Or, comme lors des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis et ceux du 7 juillet 2005 à Londres, les attentats de Madrid ont coïncidé avec une simulation d’attaque terroriste [23]. Du 4 au 10 mars 2004, l’OTAN réalisait son exercice de gestion de crise annuel, intitulé CMX 2004 [24], et au matin du 11 mars de vraies bombes explosaient à Madrid.
Le scénario mis au point cette année-là par l’Alliance atlantique était justement une vaste attaque terroriste d’Al Qaeda à travers les pays occidentaux. En Espagne, la présidence du gouvernement, le ministère de la Défense et le CNI (les services secrets) ont pris part à l’exercice. On ne sait cependant pas s’il incluait des manœuvres dans la capitale espagnole car les données qui s’y rapportent sont confidentielles. Dans une des rares évocations de cette simulation dans la presse, El Mundo écrit : « La similitude du scénario élaboré par l’OTAN avec les évènements survenus à Madrid fait froid dans le dos, et elle a impressionné les diplomates, militaires et services de renseignements qui ont participé à l’exercice à peine quelques heures plus tôt » [25]. Les détails de CMX 2004 étant classés, on ne sait malheureusement pas où s’arrête cette similitude.
Le départ précipité d’une importante équipe de la CIA
Une autre coïncidence troublante est l’escale en Espagne d’un des avions clandestins de la CIA. Ces avions ont depuis été rendus célèbres suite au scandale des enlèvements et des prisons secrètes en Europe, utilisés dans le cadre du programme état-unien des « restitutions extraordinaires » [26]. Le Boeing 737 immatriculé N313P atterrit le 9 mars 2004 à l’aéroport de Palma, sur l’île espagnole de Majorque, et en repart le 12 mars, lendemain de l’attentat [27]. Cet appareil est le plus gros utilisé pour ces vols secrets, et le principal avion cité dans le rapport du Conseil de l’Europe de 2006. Palma y est pour sa part décrite comme une « plate-forme charnière de la CIA dans le programme des restitutions » [28]
Primés pour leur enquête sur ces vols de la CIA, des journalistes du quotidien local El Diario de Mallorca furent reçus sur les ondes de la Cadena SER, la radio la plus écoutée d’Espagne. En guise de conclusion à l’interview ils lancèrent : « Le 11 mars 2004 le Boeing 737 de la CIA était à Palma. Le lendemain il est partit précipitamment parce qu’il a modifié son horaire de décollage. Il avait annoncé se rendre en Suède mais il est allé à Bagdad » [29]. À quoi était dû ce décollage précipité, seulement quelques heures après l’épisode de la découverte du fameux sac de Vallecas ? Outre cette hâte, c’est la présence même de l’avion en territoire espagnol au moment de l’attentat qui attire l’attention. Selon la commission du Parlement Européen sur les vols de la CIA, 125 vols secrets de l’agence états-unienne se sont posés sur un aéroport espagnol de 2001 à 2005 [30] (soit une période d’environ 1500 jours). Ces escales étant généralement d’un ou deux jours [31], la simultanéité des deux évènements constitue une coïncidence qui mérite d’être notée.
L’OTAN, un suspect aux lourds antécédents
Dans un pays qui, depuis son retour à la démocratie, a connu plusieurs tentatives de coups d’État militaires, il n’est pas envisageable que les forces nostalgiques du franquisme aient pu mener à bien une opération comme les attentats de Madrid sans être immédiatement démasquées. Il est par contre possible qu’un service secret militaire étranger ait pu ourdir cette opération, et au besoin recruter du personnel dans cette mouvance espagnole toujours sensible au mythe de la Reconquête.
Un rappel historique est ici indispensable. Comme dans toute l’Europe Occidentale, une structure secrète chapeautée par l’OTAN est implantée en Espagne depuis l’après-guerre [32], alors même qu’en raison de son régime politique, cet État n’a rejoint l’Alliance atlantique qu’en 1982. Dans un ouvrage de référence, Les Armées secrètes de l’OTAN [33], l’historien suisse Daniele Ganser décrit ces réseaux, qualifiés de stay-behind (c’est à dire pouvant être activés en arrière de la ligne de front lors d’une occupation ennemie) et connus sous le nom générique de l’unité italienne Gladio (le Glaive). Il établit notamment comment ils ont commis des attentats terroristes sous faux drapeaux dans le cadre de la « stratégie de la tension ». L’objectif était de justifier un renforcement de l’appareil sécuritaire et d’empêcher l’accession par la voie démocratique des communistes au pouvoir en suscitant la peur des « rouges ». L’Espagne jouait « un rôle crucial dans le recrutement des agents du Gladio », et leur servait également de refuge. Elle abrita par exemple Stefano Delle Chiaie, « le plus connu des terroristes membres des armées secrètes qui combattirent le communisme en Europe et dans le monde pendant la Guerre froide », à son actif « un bon millier d’opération sanglantes, dont environ 50 assassinats ». Le réseau agissait « contre les militants communistes et anarchistes, notamment parmi les mineurs des Asturies et les nationalistes catalans et basques » (on retrouve ici le milieu des mines Asturiennes auquel appartient Emilio Trashorras, le principal témoin à charge contre El Chino et sa bande, et par ailleurs indicateur de la police). L’homme de confiance de Franco, l’amiral Carrero Blanco, grand architecte des services secrets, était « son officier de liaison avec la CIA », et l’appareil de renseignement « l’un des meilleurs alliés de la CIA en Europe » [34].
Bien qu’ils aient été conçus pour encadrer la Résistance lors d’une invasion soviétique, rien ne permet de penser que les réseaux stay-behind ont été démantelés depuis l’effondrement du bloc de l’Est. Le commandement US en Europe (EuCom) et l’OTAN maintiennent par ailleurs en Espagne la base navale et de renseignement de Rota et la base aérienne de Moron. Enfin, le commandement Sud de l’OTAN était en train d’installer le quartier général de ses troupes terrestres à Madrid au moment des attentats [35].
Il est à noter que les services secrets de la Navy et de l’Air Force, respectivement le NCIS et l’OSI, ont joui pendant la période qui nous intéresse d’une étonnante liberté d’action en territoire espagnol. En avril 2002 José Maria Aznar et George W. Bush réformaient la convention bilatérale de défense entre leurs deux pays. Cet accord légalisa pour la première fois la présence en Espagne de ces deux services secrets états-uniens, dotés également de prérogatives policières. La rédaction délibérément confuse du texte leur donna une grande marge de manœuvre : « les autorités compétentes des deux pays devront établir les normes régulatrices sur les agissements en Espagne du NCIS et de l’OSI ». En février 2006 « l’affaire Pimienta » mit en évidence l’absence de normes régulatrices. Le NCIS avait enlevé en territoire espagnol Federico Pimienta, déserteur des Marines, sans le moindre contrôle de la part des autorités policières ou judiciaires espagnoles. C’est seulement suite à la polémique engendrée par ce viol flagrant de la souveraineté espagnole que seront rédigées des normes telles que « l’accréditation préalable des membres du NCIS et de l’OSI par les autorités espagnoles » et « la communication préalable aux autorités espagnoles de toute opération » [36].
La recherche du mobile
Dans la cas où l’Alliance atlantique serait impliquée dans des attentats comme ceux de Madrid, la décision stratégique de recourir à l’action secrète aurait dû être avalisée par le Comité de coordination des Alliés dans un but précis. La conception tactique de chaque opération, y compris celle de Madrid, aurait pu être prise par les seuls États-Unis et Royaume-Uni, sans en référer aux Alliés.
En d’autres termes, si les responsables des services secrets alliés avaient donné leur accord pour une mise en scène de la « guerre au terrorisme », le général James Jones (SACEUR) [37], l’ambassadeur Nicholas Burns (USA) [38] et l’ambassadeur Peter Ricketts (UK) [39] auraient pu décider à l’insu du gouvernement espagnol de frapper Madrid, éventuellement en requérant des éléments de l’appareil d’État espagnol pour réaliser l’opération.
La décision de recourir au terrorisme aurait dû être liée à la stratégie générale de l’Alliance et non pas à des intérêts politiciens, même si des intérêts politiciens immédiats auraient pu fausser l’évaluation de la pertinence d’une opération particulière. De ce point de vue, c’est une erreur que d’interpréter une implication des services secrets atlantiques en fonction des élections législatives espagnoles ou de l’élection présidentielle états-unienne. L’arbre cache la forêt.
L’Alliance s’interdit d’intervenir dans la vie politique des États membres dès lors que les compétiteurs sont tous atlantistes (Parti populaire et socialiste espagnols, Parti républicain et démocrate états-uniens). Sa vision est beaucoup plus large. De plus, il est erroné de considérer comme négatifs pour l’Alliance la perte du pouvoir en Espagne par le Parti populaire (dont Aznar n’avait pas souhaité briguer une nouvelle candidature) et le retrait des troupes espagnoles d’Irak. En effet, le gouvernement socialiste est un partenaire privilégié pour les travaillistes au pouvoir au Royaume-Uni. Une semaine après son élection, Zapatero déclarait que sa « priorité absolue était la lutte contre le terrorisme ». D’autre part le contingent espagnol en Irak n’était que le neuvième en terme d’effectif : 1 300 hommes, soit moins d’1 %de l’ensemble des troupes. En outre, son retrait a été compensé par un engagement accru en Afghanistan.
De nombreux auteurs espagnols se sont interrogés sur les raisons qui ont poussé les terroristes, quels qu’ils soient, à agir lors des élections législatives. Ils ont mit en évidence comment les réactions des protagonistes locaux ont été guidées par leurs intérêts propres. Cependant, cela ne nous renseigne pas sur l’intention des terroristes. Dans le cas où l’opération aurait été commanditée par l’OTAN, le contexte électoral permettait de renforcer la théorie du « clash des civilisations » : des musulmans sans lien avec Al-Qaeda veulent détruire la démocratie et les institutions occidentales. C’est précisément cette version qui a été retenue par la Justice espagnole à propos des attentats de Madrid comme par la Justice britannique à propos des attentats de Londres [40].
Si la décision de mettre en scène un terrorisme islamique a été prise par le Comité de coordination des Alliés, elle aurait pu être mise en œuvre les 15 et 20 novembre 2003 à Istanbul, le 11 mars 2004 à Madrid et le 7 juillet 2005 à Londres [41]. Pour être valide, notre hypothèse devrait pouvoir rendre compte de l’ensemble de ces crimes.
Les objectifs de l’OTAN dans cette période, étaient-ils susceptibles de motiver une telle intervention ?
En 2004, l’Alliance atlantique est en pleine réorganisation. D’un côté, elle semble en expansion : elle s’apprête à accueillir de nouveaux membres ; elle est engagée à stabiliser le Kosovo ; elle assure la sécurité de navigation en Méditerranée et au large de la Corne de l’Afrique ; elle s’est déployée en Afghanistan et commence à le faire en Irak ; elle met sur pied une Force d’intervention rapide, capable de défendre ses intérêts n’importe où dans le monde. De l’autre, elle traverse une grave crise : alors qu’en 2001, pour la première fois de son histoire, ses membres ont offert leur assistance à un des leurs victime, selon eux, d’une agression étrangère, elle s’est déchirée sur le même thème en 2003. La France et la Belgique ont nié que l’Irak représentait une menace terroriste pour les États-Unis, tandis que la Turquie a interdit aux États-Unis d’utiliser son espace aérien et les bases OTAN de Turquie pour attaquer l’Irak.
En pleine croissance l’Alliance est menacée d’éclatement. Ses membres désunis s’engagent « à la carte » en Irak. Le seul moyen de souder les rangs est d’initier de nouvelles actions communes dans la « guerre au terrorisme ».
Le renforcement du contre-terrorisme chez les Alliés
En premier lieu, l’Alliance durcit son contrôle des populations en étendant en Europe les dispositions de l’USA Patriot Act. Le sociologue Jean-Claude Paye décrit de la manière suivante la réaction de l’Union européenne au 11-Mars, dans le chapitre d’introduction de son ouvrage La Fin de l’Etat de droit :
« À l’occasion des attentats du 11 mars 2004 en Espagne, on a vu apparaître sur nos écrans de télévision un ensemble de spécialistes du terrorisme construire un amalgame entre Al-Qaeda, I’ETA et divers réfugiés politiques, faisant du “terrorisme” un terme générique devant se substituer à l’ensemble des situations concrètes.
Une des mesures unanimement réclamée, pour conjurer ce péril multiforme, fut la mise en place immédiate du mandat d’arrêt européen. Le mandat d’arrêt européen permet une remise quasi automatique, par un État membre, d’une personne demandée par une autorité judiciaire d’un autre État membre. Par rapport aux procédures d’extradition ce mandat supprime tous les contrôles politiques et judiciaires portant sur le fond et la légalité de la requête, ainsi que les recours possibles contre celle-ci. La demande est ainsi inconditionnellement satisfaite et légitimée par les autres pays, quelle que soit sa légalité ou sa conformité aux principes d’un état de droit. Le mandat devait entrer en vigueur le premier janvier 2004. Adoptée au niveau de l’Union Européenne et déjà intégrée dans la plupart des législations nationales, cette mesure peinait cependant à se mettre en place. Une des premières conséquences des attentats du 11 Mars est la fin des dernières résistances à l’utilisation de cette procédure ainsi que le renforcement des mesures incontrôlables, prises dans le cadre de la coopération judiciaire et policière entre les pays européens. On peut ainsi craindre une accélération du processus de suspension des garanties constitutionnelles, mis en place au lendemain du 11 Septembre.
Les premières mesures envisagées portent sur le renforcement de la coopération policière et judiciaire. Une "capacité de renseignement" aura pour fonction d’analyser les renseignements fournis par les services secrets et les polices des États membres. Il s’agit également d’adopter des législations permettant aux enquêteurs de plusieurs pays de travailler en équipes communes et de ratifier une convention d’entraide judiciaire en matière pénale. Il est également prévu de favoriser les échanges de données : empreintes digitales et relevés biométriques. Le Conseil des chefs d’État et de gouvernement veut également aboutir avant 2005 à la mise en place de passeports et de cartes d’identité contenant des données telles que la photographie de l’iris de l’œil et les empreintes digitales. Les transporteurs aériens seraient également dans l’obligation de communiquer aux autorités douanières et policières européennes un ensemble d’informations sur leurs passagers. Cette mesure était déjà en cours, au bénéfice des autorités américaines pour les vols transatlantiques.
Ces différentes mesures, tels les passeports ou cartes d’identité avec puce électronique contenant des données biométriques, sont en discussion depuis longtemps. Les attentats sont simplement une occasion de surmonter les résistances à de telles mesures liberticides. Si l’on se réfère aux attentats de Madrid, l’efficacité de ces dispositions est largement aléatoire, puisque les personnes arrêtées étaient installées en Espagne depuis longtemps et ne traversaient pas les frontières. Elles ne pouvaient être repérées par de tels moyens. Par contre, ces dispositions sont parfaitement adéquates à une gestion policière des populations. L’organisation Statewatch a montré que, sur les 57 mesures prévues par le Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement des 25 et 26 mars 2004, 27 propositions n’ont rien ou très peu à voir avec le terrorisme. Elles ont pour objet d’assurer la surveillance, non de groupes déterminés, mais de l’ensemble des populations à travers le contrôle des communications » [42].
Jean-Claude Paye montre que ce contrôle des populations se fait au profit d’institutions des États membres de l’Union européenne, mais aussi des États-Unis. « Le développement de la coopération transatlantique dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dévoile le caractère organique du droit pénal dans la formation de la structure impériale. L’Union européenne se place sous l’hégémonie américaine en ce qui concerne l’organisation du contrôle des populations. Quant aux États-Unis, leurs exigences portent plutôt sur la capacité de leurs institutions policières ou judiciaires de contourner les structures formelles des pouvoirs exécutifs et judiciaires européens » [43]
L’extension de la « guerre au terrorisme » en Afrique
Le général Jones, suprême commandeur de l’OTAN et par ailleurs patron des forces états-uniennes en Europe (EuCom), s’attèle à créer un commandement ad hoc des forces états-uniennes pour l’Afrique (AfriCom). Pour justifier ce déploiement qui inquiète les Africains, il ne cesse de dénoncer le péril terroriste sur ce continent. Ce même argumentaire servira à engager l’OTAN en Afrique. On observera que, dans cette perspective, l’étrange décision du Tribunal suprême d’attribuer les attentats de Madrid à des terroristes islamistes sans lien avec Al Qaeda fait l’affaire, puisque ces islamistes sont originaires d’Afrique du Nord.
Lors de sa tournée africaine de juillet 2003, le président Bush prévient : « Nous ne laisserons pas les terroristes menacer les peuples africains, ni utiliser l’Afrique comme base pour menacer le monde » [44]. Les responsables américains multiplient les déclarations assurant de l’implantation d’Al Qaeda dans le désert du Sahel, discours mis en doute par de nombreux observateurs. Début mars 2004 c’est le commandant en chef adjoint des forces armées US en Europe (Eucom, qui supervise alors aussi l’Afrique) qui avertit : des membres d’Al Qaeda tentent de s’établir « dans la partie Nord de l’Afrique, au Sahel et au Maghreb. Ils cherchent un sanctuaire comme en Afghanistan lorsque les talibans étaient au pouvoir. Ils ont besoin d’un endroit stable pour s’équiper, s’organiser et recruter de nouveaux membres » [45].
Les 23 et 24 mars 2004, à l’initiative des États-Unis, une réunion sans précédent des chefs d’états-majors de huit pays nord-africains et du Royaume-Uni a lieu au siège de l’EuCom à Stuttgart. À cette époque tous les regards sont tournés vers l’Afrique du Nord et notamment le Maroc, où le GICM (groupe islamique combattant marocain) est suspecté d’être derrière l’attentat de Madrid. Il est décidé de lancer le TSCTP (trans-saharian counterterrorism partnership), ambitieux plan de formation des armées africaines à la lutte anti-terroriste par les États-Unis [46]. Ces plans d’entraînement permettent à ces derniers de mettre le pied sur le sol africain en encadrant discrètement les armées locales. Le choix de cette stratégie de déploiement répond à un besoin de faire baisser les pertes militaires engendrées par les invasions en Afghanistan et en Irak.
L’attentat de Madrid était arrivé à point nommé pour que Washington et Londres imposent le TSCTP aux huit pays africains. Il avait créé un climat d’incertitude, dû notamment à une rumeur qui annonçait le prochain débarquement de l’armée US dans le Nord de l’Afrique, à l’instar des invasions d’Afghanistan et d’Irak. Cette rumeur, qui s’avèrerait fausse, était entretenue par plusieurs journaux espagnols, algériens et marocains [47]. L’important quotidien espagnol La Razon écrivait par exemple le 21 mars 2004 : « Des unités des forces spéciales états-uniennes et des troupes militarisées de la CIA sont attendues dans les prochains jours dans la région du Sahel (Sahara Nord). Elles participeront à la plus grande opération antiterroriste menée par les États-Unis depuis la guerre d’Irak. On prévoit que les combats durent plusieurs semaines. Les armées des pays de la zone, qui ont déjà accepté d’ouvrir leur espace aérien à l’US Air Force, participeront aux combats sous commandement américain (…) Le début de l’opération militaire, décidé à la suite des attentats de Madrid le 11 mars pourrait coïncider avec (...) le 26 mars prochain » [48]. Cette rumeur de débarquement a des airs de manœuvre d’intoxication visant à forcer la main aux dirigeants africains concernant le TSCTP. L’arrivée de formateurs militaires états-uniens et britanniques pouvait en effet apparaitre à leurs yeux comme un moindre mal, en comparaison d’un débarquement de l’armée US dans leurs pays.
Quoi qu’il en soit, l’OTAN en tant que telle n’a pas souhaité s’impliquer dans le TSCTP. Les États membres n’ont consentis à envoyer des troupes en Afrique qu’à partir de 2005, en appui aux opérations de l’Union africaine au Soudan et en Somalie. L’attentat de Madrid, présenté comme une punition d’Aznar pour son implication dans la guerre d’Irak (ce qui fut démenti longtemps après par la Justice), a permis d’intégrer indirectement le conflit irakien dans la « guerre contre le terrorisme » dans la continuation logique du discours mensonger du secrétaire d’État US Colin Powell au conseil de sécurité des Nations Unies [49]. La vague de grands attentats islamiques en Europe s’est quant à elle interrompue avec l’opération avortée de Barcelone, en janvier 2008 [50].
Conclusion
Au terme de cette analyse, nous pouvons affirmer que la décision du Tribunal suprême répond à des exigences politiques et non à la réalité. Des éléments de l’appareil d’État espagnol sont intervenus pour falsifier des pièces à conviction et orienter l’enquête sur une piste fabriquée, celle des islamistes. Les attentats ont été commis par une organisation militaire disposant de complicités dans l’appareil d’État. L’OTAN, dont le passé terroriste est établi, avait le savoir-faire, les moyens logistiques et le mobile pour réaliser cette opération. Elle devrait être considérée comme le suspect principal si une nouvelle enquête judiciaire devait être entreprise.
[1] « 11 mars 2004 à Madrid : était-ce vraiment un attentat islamiste ? », par Mathieu Miquel, Réseau Voltaire, 11 octobre 2009.
[2] La Manipulation : Madrid, 11 mars, par Jean Chalvidant, Cheminements éd., 2004. L’auteur a présenté son argumentaire sur son blog.
[3] Site de la revue Le Meilleur des mondes.
[4] « Les trucages de la Foundation for the Defense of Democracies », Réseau Voltaire, 2 février 2005.
[5] Cf. le premier numéro de la revue.
[6] Verdict en appel du procès de l’attentat, pages 581-582.
[7] Fernando Mugica est le précurseur de la critique de la version officielle dans la presse, auteur d’une quarantaine d’articles intitulés « les trous noirs du 11 mars » publiés par El Mundo. S’il n’a jamais dit clairement quelle piste il privilégiait, il écrivit dans son article du 11 mars 2005 intitulé « Las piedras de Pulgarcito » : « Le travail de terrain effectué pour un ami, écrivain à succès, en vu d’un possible roman, m’a amené à enquêter à la fin de l’automne 2003 sur toutes les données entourant l’attentat du 11 septembre aux États-Unis (...) Je ne vais pas révéler mes conclusions sur le 11 septembre, mais je peux affirmer que sans ce travail préalable, les trous [noirs du 11 mars] n’auraient jamais vu le jour. »
[8] Cette thèse est notamment défendue par Ernesto Mila dans son livre 11-M los perros del infierno (Pyre, 2004), dans lequel il donne également un témoignage de l’intérieur des milieux d’extrême droite sur la stratégie de la tension durant la Guerre froide.
[9] Bruno Cardeñosa a également écrit sur les mystifications du 11 septembre, voir « Le 11 septembre, vu d’Espagne », par Sandro Cruz, Réseau Voltaire, 13 septembre 2004.
[10] Témoignage au procès de cet agent de la police scientifique, témoin protégé 17054, 3 mai 2007.
[11] C’est notamment le cas d’El Pais, dans ses éditions du 13, 14, 19 et 24 mars 2004
[12] « Historia de la mochila numero 13 », par Luis del Pino, El Mundo, 19 mars 2006
[13] « An American Connection », par Michael Isikoff, Newsweek, 17 mai 2004
[14] Ibid. et « Arrest in Bombing Inquiry Was Rushed, Officials Say », par Sarah Kershaw et David Johnston, New York Times, 8 mai 2004
[15] Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres éd, 2006), chapitre 11 « Atando cabos ».
[16] Témoignage au procès d’un de ces démineurs, témoin protégé 54868, 19 mars 2007
[17] Acte d’inculpation du procès de l’attentat, page 4
[18] Acte d’inculpation du procès de l’attentat, page 53.
[19] « La police allemande déjoue une tentative d’attentat états-unienne contre le G8 », Réseau Voltaire, 11 juin 2007
[20] 11-M Claves de una conspiracion, par Bruno Cardeñosa (Espejo de tinta, 2004), page 123.
[21] Son portrait : « Capitaine Eric H. May », par Alan Miller, Réseau Voltaire, 9 juin 2009
[22] « False Flag Prospects, 2008 - Top Three US Target Cities », par Eric H. May, Globalresearch.ca, 23 fevrier 2008
[23] « Attentats de Londres : le même scénario se déroulait simultanément sous forme d’exercice ! » et « Ces exercices de simulations qui facilitent les attentats », Réseau Voltaire, 13 juillet et 13 septembre 2005.
[24] Communiqué de presse de l’OTAN, 1er mars 2004
[25] « La OTAN simuló un atentado en Europa con 200 muertos », par Carlos Segovia, El Mundo, 14 mars 2004
[26] « La CIA "directement responsable" des "restitutions extraordinaires" de prisonniers en Europe, selon les députés européens », Réseau Voltaire, 14 juin 2006
[27] « La investigación halla en los vuelos de la CIA decenas de ocupantes con estatus diplomático », par Andreu Manresa, El Pais, 15 novembre 2005
[28] Allégations de détentions secrètes et de transferts illégaux de détenus concernant des États membres du Conseil de l’Europe, rapport du sénateur Dick Marty au Conseil de l’Europe, Réseau Voltaire, 12 juin 2006. Voir la partie intituéle « La "toile d’araignée" mondiale ».
[29] « El Diario de Mallorca gana el premio Ortega y Gasset de periodismo », Cadena Ser, 12 avril 2006, interview disponible en écoute en ligne
[30] « Un informe de la Eurocámara eleva a 125 los vuelos de la CIA que hicieron escala en España », El Mundo, 15 juin 2006
[31] « La investigación halla en los vuelos de la CIA decenas de ocupantes con estatus diplomático », par Andreu Manresa, El Pais, 15 novembre 2005
[32] « Stay-behind : les réseaux d’ingérence américains », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 20 août 2001.
[33] Les Armées secrètes de l’OTAN, par Daniele Ganser (Demi-lune, 2007). Ce livre est publié en feuilleton par le Réseau Voltaire.
[34] Les Armées secrètes de l’OTAN, par Daniele Ganser (Demi-lune, 2007), chapitre 7.
[35] Site officiel du CC-Land-Madrid.
[36] « Defensa rechaza que los servicios secretos de EE UU actúen por su cuenta en suelo español », 16 avril 2006, et « España autorizará a los espías de EE UU a actuar bajo supervisión en territorio nacional », 18 fevrier 2007, par Miguel Gonzalez, El Pais.
On notera que, durant la période 2004-08, les États-Unis ont signé de nombreuses conventions avec leurs alliés afin que leurs services secrets puissent agir à leur guise dans ces États. A titre d’exemple pour la France : « La France autorise l’action des services US sur son territoire », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 8 mars 2004.
[37] Le général Jones, qui a refusé par deux fois de devenir secrétaire d’État adjoint dans l’administration Bush, a été nommé conseiller de sécurité nationale de l’administration Obama.
[38] Aujourd’hui en semi-retraite, l’ambassadeur Burns est au cente d’une polémique : selon des documents rendus publics par le Hamas, il aurait été l’un des principaux organisateurs de l’empoisonnement du président Yasser Arafat.
[39] Peter Ricketts, ancien président du Comité joint du Renseignement, est devenu secrétaire général du Foreign Office.
[40] « Attentats de Londres : le rapport officiel écarte la piste "Al Qaïda" », Réseau Voltaire, 10 avril 2006.
[41] « Londres renoue avec la stratégie de la tension », par Thierry Meyssan ; « Attentats de Londres : Rachid Aswat est un agent britannique », Réseau Voltaire, 13 juillet et 5 septembre 2005
[42] La Fin de l’État de droit, par Jean-Claude Paye (La Dispute, 2004), pages 13 à 15.
[43] Ibid, page 12.
[44] « Activisme militaire de Washington en Afrique », par Pierre Abramovici, Le Monde Diplomatique, juillet 2004
[45] « Enquête sur l’étrange "Ben Laden du Sahara" », par Salima Mellah et Jean-Baptiste Rivoire, Le Monde Diplomatique, février 2005
[46] Présentation du TSCTP sur le site du commandement des forces états-uniennes en Afrique.
[47] Voir notamment les articles « Des soldats US dans le Sahel », par Lounés Guemache dans le quotidien algérien Liberté, 17 mars 2004 ; « EE UU lanza en el Sahara una gran operación antiterrorista tras los atentados del 11-M », par Pedro Canales, La Razon, 21 mars 2004 ; « Les USA se préparent à mener une grande opération contre le terrorisme au sud du Sahara » dans le quotidien marocain Al Ahdath al Maghribiya, 22 mars 2004.
[48] « EE UU lanza en el Sahara una gran operación antiterrorista tras los atentados del 11-M », par Pedro Canales, La Razon, 21 mars 2004
[49] « Discours de M. Powell au Conseil de sécurité de l’ONU », Réseau Voltaire, 11 février 2003.
[50] « Comment la DGSE a déjoué une nouvelle vague d’attentats d’Al-CIA en Europe », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 7 février 2008.
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